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"La vie à Gaza est insupportable" (déclaration du responsable de l'Onu à Gaza)

Publié par  >>  Info-palestine.net  <<

"La vie à Gaza est insupportable"

lundi 30 novembre 2009 - 09h:41

Baudouin Loos - Le Temps



John Ging dirige l'agence d'aide de l'ONU (UNRWA) dans la bande de Gaza. Il dénonce une situation de pénurie chronique et la passivité de la communauté internationale.

L'Irlandais John Ging est sorti de l'anonymat durant l'offensive israélienne sur Gaza de l'hiver dernier. Directeur des opérations de l'UNRWA (l'agence onusienne d'aide aux réfugiés palestiniens) pour la bande de Gaza, il avait alors plusieurs fois pris le parti de sortir de son devoir de réserve - et de ses gonds - pour dénoncer les souffrances infligées aux civils palestiniens et les destructions subies par les installations de l'ONU sur place. John Ging était ces derniers jours à Bruxelles pour rencontrer les responsables européens. Et pour pousser un cri d'alarme.

« Je suis ici pour dire que la bande de Gaza se trouve dans une situation d'urgence, explique-t-il. Les conditions de vie de la population sont devenues insupportables, avec 80% des gens qui dépendent de l'aide alimentaire des Nations unies. L'économie n'existe plus. Le secteur privé a été dévasté par le siège et la guerre. Les infrastructures en matière d'eau et d'égouttage se sont effondrées, induisant des conséquences écologiques graves. Neuf dixièmes de l'eau consommée se situe sous les niveaux acceptables et d'ailleurs 60% des gens n'ont qu'un accès irrégulier à l'eau. L'accès'est devenu le mot clé, le problème à résoudre : accès à l'eau, accès à la nourriture, accès aux matériaux de construction, accès aux frontières. »

Le ton de cet avocat de formation demeure toujours neutre. Même lorsqu'il assène les vérités les plus cinglantes. « Mais le plus important réside sans doute dans les dévastations psychologiques que nous observons auprès de la population et singulièrement auprès des 750 000 enfants qui vivent dans la prison que constitue la bande de Gaza. La destruction en cours de la société civile de Gaza ne nous donne guère de temps, il faut agir. »

« 60 ans d'échec  »

John Ging n'est pas à Bruxelles pour cultiver la langue de bois. « Il y avait 120 000 personnes qui étaient employées dans le secteur privé maintenant anéanti, elles sont en train de faire la queue pour obtenir un peu de nourriture. Et tout cela en raison de ce siège imposé par Israël et la communauté internationale, c'est-à-dire une politique illégale puisque le droit international humanitaire impose à tous les Etats de protéger les civils en temps de conflit. L'irresponsabilité de certains (ndlr : une allusion aux tirs de roquettes de factions palestiniennes) n'annule pas la responsabilité des autres. Et de toute façon, la charge financière revient finalement à la communauté internationale. »

L'UNRWA elle-même a souffert de la guerre à Gaza, plusieurs de ses installations ont été touchées. « Nous n'avons pas pu commencer la reconstruction de nos bâtiments détruits ou endommagés puisqu'Israël empêche l'importation de tout matériel de construction, continue John Ging. Nous avons adressé une première facture au gouvernement israélien, qui se monte à 11 millions de dollars, coût de la rénovation de notre dépôt central de nourriture à Gaza détruit en janvier dernier par un bombardement. Nous n'avons pas reçu de réponse. »

Pour le directeur de l'ONU à Gaza, il serait temps que les décideurs aillent voir sur place. «  Tout le monde sait depuis plus d'un an et demi que la situation est intenable et pourtant rien ne change. J'invite les responsables de la communauté internationale à se rendre à Gaza et d'y observer les conséquences dévastatrices de la situation sur les êtres humains qui y vivent. Je ne doute pas des bonnes intentions de quiconque et l'aide de l'Union européenne, plus gros donateur, est appréciée par la population. Mais il faut aussi une aide financière supplémentaire : l'on ne peut priver ces enfants de futur. »

L'UNRWA célèbre cette année ses 60 ans d'existence. Un anniversaire amer, pour John Ging et l'agence. « Nous commémorons 60 ans d'échec, d'absence de solution politique. Cela doit servir à une réflexion sur le rôle de notre agence : nous sommes fiers de notre contribution au développement humain prodiguée auprès de ces populations, tant sur les plans de l'éducation, de la santé que des services sociaux. Nous souhaitons évidemment la fin de ce conflit, en attendant nous continuons notre tâche selon le mandat annuel de l'Assemblée générale de l'ONU. Hélas ! au lieu de s'atténuer, le défi auquel nous faisons face devient chaque année un peu plus lourd... »




11/12/2009

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