Association France Palestine Solidarité - Isère / Grenoble

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Les étudiants en français de Gaza s'expriment (janvier 2010)

Au milieu de toutes les difficultés causées par l'agression israélienne "Plomb durci" et le blocus, pour les jeunes de Gaza, étudier, apprendre le français, continuer à vivre  tout simplement et avoir des projets, ..., c'est aussi un acte de résistance.

Par l'intermédiaire de Ziad Medoukh, responsable du Département de français de l'Université Al-Aqsa de Gaza, nous leur donnons la parole.

( d'autres témoignages provenant  de Gaza  >> dans la rubrique Correspondances de Palestine  <<  )


Le département de français distribue des cadeaux symboliques aux étudiants gagnants

Le département de français à l'université Al-Aqsa a organisé ce lundi 11 janvier 2010 une petite fête pour distribuer des cadeaux symboliques aux étudiants gagnants du concours d'écriture organisé par le département pour ses étudiants fin décembre dernier sur le thème de la célébration du premier anniversaire de l'agression israélienne contre la Bande de Gaza.

L'équipe pédagogique au département a sélectionné les quatre meilleurs articles parlant des impressions des étudiants un an après les attaques israéliennes contre la population civile dans la Bande de Gaza , ces articles étaient publiés également dans des différents sites Internet .

Ce concours fait partie des activités organisées et proposées par le département de français d'une façon régulière dont l'objectif est d'encourager les étudiants à s'exprimer et améliorer leur langue française.

Quatre étudiants : deux garçons et deux filles ont été sélectionnés parmi dix participants à ce concours.

Les cadeaux ont été distribués par M. Ziad Medoukh le chef du département et Mme Mirvat El-Rayes professeur au département qui ont saisi cette occasion pour faire un bilan sur les examens partiels , donner  leurs remarques sur le niveau des étudiants mais surtout donner certains conseils à ses étudiants qui se préparent pour les examens finaux qui vont commencer la semaine prochaine.

J'ai pleuré
Abdallah Se'da

Je m'appelle Abdallah Saada, je suis gazaoui,  je veux parler de la vie des palestiniens après chaque guerre israélienne.

Après chaque guerre israélienne, bien sûr la vie des palestiniens est devenue très difficile, je ne veux pas dire après chaque guerre, mais au moments où les israéliens occupaient la Palestine.

Donc les palestiniens souffrent de beaucoup de problèmes et vous savez que la guerre n'est pas seulement la destruction des maisons mais aussi des massacres, des tortures, une destruction et des assassinats. Moi comme tous les Gazaouis, j'ai été touché par cette guerre horrible.

J'ai perdu trois de mes  amis. Les avions israéliens ont bombardé leurs maisons, après ça, je suis devenu triste pour eux. Et quand j'ai assisté à leurs funérailles j'étais très triste, je me suis rappelé de ce qu'on a vécu ensemble et j'ai pleuré.

Et vous savez que les guerres qui se sont passées en Palestine sont nombreuses  comme la guerre de 1948 et 1967 sans oublier les deux Intifada en 1987 et 2002 et les guerres continuent jusqu'à maintenant.

Je veux dire que la vie des palestiniens est devenue comme un homme vieux qui ne peut rien faire, je veux dire que les palestiniens ne peuvent rien et les palestiniens ont perdu beaucoup d'enfants, de femmes, en plus les israéliens bombardent chaque lieu en Palestine, ils ne laissent rien.

Et il y a autre problème c'est de chasser tous les palestiniens de leur pays, tout ça pour construire les colonies comme la situation actuelle à Jérusalem la capitale de la Palestine et dans la bande de Gaza.

Sans doute, il y a beaucoup de problèmes dont les palestiniens souffrent comme dans chaque guerre quand les israéliens bombardent les maisons, ils ne restent aux palestiniens que les tentes qui ne les protègent ni du froid, ni de la chaleur.  Les palestiniens utilisent des abris pour pouvoir vivre.

Et aussi le blocus israélien qui est  imposé aux palestiniens dans la bande de Gaza où les israéliens ne permettent pas d'entrer aucune chose et coupent tous les moyens de vie comme la coupure d'électricité et de l'eau. Tout cela a aggravé la situation en Palestine et dans la dernière guerre contre la bande de Gaza qui a duré 23 jours. Les palestiniens souffrent de l'agression israélienne la plus puissante comme on a dit,  des massacres, la destruction, des tortures et des assassinats.

A la fin, je crois que les palestiniens peuvent lutter et s'unir contre les israéliens jusqu'à la liberté de la Palestine.
Et j'espère que la Jérusalem  reviendra  pour  nous.

Abdallah Se'da
2 ème année, département de français, Université Al -Aqsa, Gaza

 

Un samedi
Asma Siam

Mercredi 30 décembre 2009

C'était un samedi , un samedi noir, oh je suis désolé, s'il y a d'autre couleur plus foncée, je veux l'utiliser, mais malheureusement il n'y a pas des mots suffisants pour le décrire.

Après ce samedi, mes sentiments, mes idées, et même mes principes ont changé, avant j'avais peur par exemple d'échouer dans un examen, ou bien d'avoir des problèmes un peu difficiles et j'avais peur de ne pas trouver des solutions, mais après ce jour là, la peur a grandi. J'avais la peur de ne pouvoir pas voir mes parents , mes amies,  une autre fois .

La peur d'être une handicapée, de perdre une main, une jambe, la peur est devenue une chose normale.  C'est vrai que j'ai 27 ans, mais c'est la première fois que j'assiste à une guerre et j'ai senti que la mort était très proche, il n'y avait pas de différence entre la nuit et le jour, les minutes, les heures la seule chose commune c'était la peur et la tristesse.  Avant ce samedi  je disais que je suis une fille forte, mais après j'ai découvert que mon cœur porte autant de peur qu' un bébé quand il s'éloigne de sa mère .

C'est vrai que maintenant les gens ici à GAZA ont  repris la vie après un an de la guerre et moi aussi j'ai repris mes études et ma vie ,mais vraiment c'est pas comme avant parce que la guerre a laissé des   mauvais souvenirs .

A la fin,  je dis que c'est vrai il y avait beaucoup des mauvaises choses dans cette guerre, mais d'un autre côté,  j'ai bien compris le vrai sens de la vie et j'ai eu un espoir pour continuer la vie car c'est le grand cadeau de Dieu .

Asma Siam
4ème année
, Département de français, Université Al-Aqsa, Gaza


 

Ma vie un an après l'agression israélienne
Nahla Al Zytonia

Mercredi 30 décembre 2009

Le 21 janvier 2009 à 8h20 : c'est le moment de mettre la fin au cauchemar dura  pendant 22 jours --- nous avons entendu le retrait de toutes les forces israéliennes de la bande de Gaza , l'arrêt des frappes aériennes et les raids des marines.

Tout est fini sauf les images douloureuses gravées dans la mémoire de chaque Gazaoui qui a vécu la guerre.

Tout est fini……….. mais la plaie saigne encore.

Tout est fini……….. mais l'enfant pleure encore.

Tout est fini………. mais un membre de la famille toujours porté disparu.

Tout est fini………..même les beaux  souvenirs qui étaient dans la mémoire. 

La guerre a effacé de la mémoire tout ce qui est beau , et amis en mémoire… images des corps sans organes ………des enfants tués sans culpabilité, des mosquées détruites, des maisons n'ont plus aucune trace sauf une partie des pierres éparpillées ici et là ………..

Oui la guerre a pris fin et chaque personne a commencé à inspecter les proches et les amis.  Parfois il ressent une grande joie,  juste savoir que l'autre est toujours vivant et pleure d'autres fois quand il entend des nouvelles de la mort d'une personne……

De l'autre coté, une fille cherche sa poupée sous les décombres de sa chambre.

Un garçon apporte le reste de la dépouille de sa maison.

Un vieil homme assis sur les décombres de sa maison à peine à croire ce qui s'est passé.

Un autre homme regarde en pleurant les arbres qui étaient hier présents , mais ils n'existent plus aujourd'hui.

Une mère ne croyait pas que son fils était mort et cherche encore ici et là …….. imagine qu'elle trouvera son fils

C'est juste ce que vous voyez lorsque vous marchez dans la rue après la guerre …………….

Pour moi je ne perdais personne de ma famille ni ma maison………mais je perdais le sentiment de sécurité , je perdais la confiance dans tous les gouvernements qui n'ont pas été en mesure de mettre fin à ce qui se passait,  les voix des nos cris étaient très hautes et nos larmes sont arrivées à tout le monde sauf les dirigeants.

La guerre a pris fin, mais elle a laissé la douleur et la souffrance que je ne peux pas les transférer par les mots

C'est vrai, vivre la guerre est une chose douloureuse et difficile, mais la vivre après la guerre, c'est la chose la plus douloureuse et difficile.

Malgré la grande tristesse, il nous restera un sentiment d'espoir et d'amour de la vie qui peut-être devient plus belle dans les prochains jours.

Un sentiment d'espoir que leur armes ne peuvent pas tuer.

Nous espérons vivre en paix comme les autres, sans guerre, sans haine, sans souffrance et sans peine……

Nahla Al Zytonia

4 ème année, Département de français, Université Al-Aqsa, Gaza

 

 

Mon histoire dans la guerre
Seeren Al-Hassant

Mercredi 30 décembre 2009

Je tiens à vous écrire mon histoire dans la guerre et les changements produits dans ma vie.

C'est vrai que je ne peux pas vous raconter toute l'histoire en détail mais j'aimerais bien que vous m'écoutiez jusqu'à la fin.

Avant la guerre, j'ai vécu à la maison avec ma famille composée de mes parents, mes sœurs et mon frère dans un village appelée Maghraqa, près de la colonie de Netzarim, nous vivons la stabilité avant l'agression israélienne sur la bande de Gaza .

Mais cela n'a pas duré longtemps.

Pendant la guerre tout a changé pour moi et pour toute ma famille et nos espoirs de vie sont détruits.

Dans la guerre que nous vivons,  la peur et l'horreur chaque jour,  nous nous sommes réveillés par les bombardements partout dans le quartier où on habite.

Et avant de s'échapper dehors, les avions ont lancé une bombe sur notre maison et rapidement on est sorti en laissant tout derrière nous.

Jamais je ne peux oublier ce jour où j'ai été moi et ma famille pas très loin de la mort.

Des avions israéliens ont tiré des bombes de phosphore, on ne sait plus où aller et quoi faire, nous avons passé la journée sous le toit de la mort.

A la fin de la guerre, nous sommes retournés à notre quartier et nous avons  été choqués car nous avons pas trouvé notre maison que nous avions quitté, mais nous avons trouvé un incendie dévastateur et les flammes n'ont rien laissé.

Oui nous avons été choqués, surtout ma mère qui ne savait pas quoi faire alors on a passé un moment chez mes grands-parents avant de louer une maison.

C'est mon histoire et la souffrance que j'ai vécu dans la guerre, et bien que je vive maintenant une vie un peu difficile .

J'espère que les choses vont changer, et qu'on pourra trouver l'indépendance de la  Palestine

 

Seeren Al-Hassant,
2ème année, département de français, Université Al-Aqsa,Gaza




 

 

L'écho de la guerre
Mohammed Abou Moelek

Mercredi 30 décembre 2009

Les moments, les heures, les jours, même les mois sont passés, et il nous reste seulement les souvenirs, les bons et les mauvais.

Un an après l'agression criminelle contre la bande de Gaza qui ne diffère pas beaucoup de ces  guerres que  les pays arabes ont subi depuis la seconde guerre mondiale.

Il me faut absolument mettre en perspective le déroulement des événements.

Au début, l'attaque militaire d'Israel sur Gaza a débuté le samedi 27 décembre 2008, qui a été appelé le Samedi Noir,  après cette guerre. Il était environ onze heures et demi. Soudain, on entend le bruit d'une explosion : pour nous les citoyens et comme d'habitude, il nous paraît que c'était un entraînement militaire. Quelques instants plus tard, le bruit d'un immense autre bombardement. A ce moment là, on était certain qu'il y avait une attaque contre Gaza.

Les citoyens courent aux rues, les fumées augmentent au ciel, et les ambulances roulent partout; un cas de confusion était remarqué chez les palestiniens, dizaines de martyrs, et centaines de blessés (dont la majorité est gravement blessée)

Les avions continuent à cibler les objectifs palestiniens dont la plupart sont civils.

Ils ont attaqué les maisons, les sites gouvernementaux, les écoles, les hôpitaux, même les mosquées ne survivaient pas aux missiles agresseurs,  ils ont détruit tout.

Aux hôpitaux, manque de médicaments, les lits ont été exhaussés, et d'une façon affreuse, les cadavres ont été jetés par terre.

La guerre s'intensifie, les israéliens commencent leur invasion terrestre, après qu'elle était aérienne.

La succession des missiles israéliens fait peur aux citoyens,surtout les missiles au phosphore qui sont interdits dans le monde entier.  Ici une nouvelle immigration de palestiniens a commencé vers les écoles publiques, mais les missiles les chassent et commencent à tomber sur eux. Les citoyens effrayés ont déménagé vers la mer en la considérant comme leur dernier refuge devant cette agression barbare.

Au contraire, ils ont été reçus par des missiles maritimes lancés par des bateaux militaires, les citoyens isolés ont bougé vers le milieu de la bande de Gaza.

En fait, dans ces moments-là, il n'y a pas ni d'eau, ni d'électricité, ni d'essence, ni même de pain. On est presque arrivé à une famine dans la bande de Gaza.

Comme résultat de cette guerre,  on a 1100 martyrs dont plus de 300 enfants, une centaine de femmes et 4700 blessés.

En plus, Israël bloque toujours l'accès devant les aides envoyées par des solidaires arabes et étrangers de toutes les nationalités.

Ensuite on remarque l'endurance populaire et sa volonté de résister; on  note la rapidité de l'intensité des réactions et les mobilisations populaires arabes et mondiales; et l'insistance jamais vue auparavant de continuer les manifestations de soutien jusqu'à tenir en échec l'agresseur. En bref, on peut dire que la réaction populaire arabe et islamique a été très rapide et a eu un impact fort, ce qui a conduit à accélérer la retraite israélienne de la bande de Gaza.

Encore parmi les conséquences de cette guerre :  les deux secteurs les plus importants, qui sont le secteur agricole et industriel, ont totalement été détruits à cause des attaques israéliennes.Toutes les usines et les fermes ont été ciblées par les chars israéliens.     

Bien qu'on soit un peuple qui appelle toujours la paix et qui a la culture de la paix,  on défend nos droits selon cette culture. Et étant la victime de l'agression et la partie la plus faible militairement,  on était encore dans l'obligation de résister contre notre agresseur par notre sang, notre chair, notre détermination et la justesse de notre cause.

La guerre est terminée, mais il me reste un peu de souvenirs à raconter.

Un jour pendant l'agression israélienne à Gaza, les chars ont bombardé la maison de mon voisin, il était aussi mon ami, il s'appelait Rami, il était très proche de moi, quelques instants après le bombardement, on est tous allés chercher Rami et sa famille.

Malheureusement, on a rien trouvé, toute la maison était détruite, en effet, on a trouvé seulement des décombres, et entre les ruines,  j'étais choqué en trouvant ces cadavres brûlés.

Pour la vie,  entre les années 2008/2009, le peuple palestinien a vécu une période très difficile même inoubliable (car il n'y a pas aucune ressource de la vie, ni d'électricité, ni  d'eau, ni de nourriture, ni d'essence).

Maintenant, et surtout après la guerre, la vie à Gaza a tellement changé :  d'un côté au niveau économique, politique et industriel,  d'un autre côté, au niveau de moral.  Même si cette guerre était sauvagerie et barbarie et a détruit tout l'infrastructure palestinienne,  on avoue que cette guerre nous a donné la volonté, et nous a enseigné la patience et la puissance, en outre elle  nous a permis de diriger dans tous les cas, en bref, compter sur nous-même.

Donc, la triple guerre israélienne air, mer, et terre est terminée, la vie continue,  les élèves reviennent à leurs écoles, soit dans des tentes, soit dans leurs classes partiellement détruites, alors on peut dire que la vie aujourd'hui à Gaza est assez optimiste grâce à la volonté palestinienne qui garde toujours l'espoir de continuer et vivre en paix.

Les palestiniens restent sur leur terre dans des tentes, en disant à leur agresseur qu'il n'aura jamais une nouvelle immigration comme en 1948.

Pendant ce temps, les enfants s'amusent et jouent sur les décombres et les ruines de leurs maisons,  en envoyant un petit message à leur agresseur et à tout le monde : vous ne pourrez jamais voler notre sourire……

Mohammed Abou Moelek,

4ème année, Département de français, Université Al-aqsa, Gaza


Les étudiants du département de français, en Novembre 2009

 



15/01/2010

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