Association France Palestine Solidarité - Isère / Grenoble

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Témoignage de Nabil, à Grenoble : "A Gaza, ma famille est menacée de mort chaque jour"

( d'autres infos, >> sur le site de l' APEF-Grenoble <<  Association des Palestiniens En France)  

 

Dans le Dauphiné Libéré, du 16 janvier 2009

GAZA :  Témoignage à Grenoble :

"Ma famille est menacée de mort chaque jour"
 
 
guerre israel palestine  Depuis le 27 décembre, Nabil Abu-Shammala vit un enfer. Loin des siens. Loin de son épouse et de leurs cinq enfants, âgés de 4 à 17 ans. Lui habite à Grenoble où il prépare sa thèse consacrée à l'approche territoriale de l'agriculture en Palestine; eux dans le sud de la bande de Gaza, à Khan Younès.

"Le ciel va tomber sur la terre"

"Je ne me suis jamais senti aussi impuissant. Ma famille est menacée de mort et je ne peux rien faire", déplore-t-il dans un français presque parfait. Juste se brancher sur les infos à longueur de journée et appeler sa femme quotidiennement, en espérant que cette fois encore, la jeune enseignante répondra. "En général, j'arrive à la joindre en moins de trente minutes. C'est bien le seul avantage du blocus israélien, car toutes les communications passent par le réseau de l'Etat hébreu. Pour l'instant, ça marche, mais pour combien de temps...".
Que lui raconte-t-elle? "Qu'elle n'a jamais eu autant besoin de moi. Que tous les soirs, elle se couche avec les enfants dans une même pièce, celle qu'elle pense être la plus sécurisée, au fond de la maison située à 500 mètres d'un poste militaire israélien. Que mes filles sont terrorisées, surtout la nuit. "Tu ne peux pas imaginer, m'a-t-elle dit l'autre matin, avec les F16 qui bombardent sans arrêt, nous avons l'impression que le ciel va tomber sur la terre. Personne n'est à l'abri, tout le monde attend la mort"."

"Bien sûr, je suis en colère"

Nabil Abu-Shammala a déjà perdu un cousin policier; l'un de ses neveux, journaliste, a aussi été blessé. Et lui ne peut pas rentrer: "En temps normal, c'est déjà très difficile, alors aujourd'hui c'est encore pire. Personne ne peut accéder à Gaza. Attendre, voilà à quoi j'en suis réduit". Et il tente d'apaiser sa colère. "Bien sûr, je suis en colère contre Israël qui ne respecte pas le droit international. Mais aussi contre les régimes arabes, complices de l'échec d'une solution permanente. Je ne suis ni du Fatah ni du Hamas, je suis un Palestinien indépendant qui demande simplement à avoir une vie normale, à pouvoir circuler librement. Et qui dénonce l'injustice faite au peuple palestinien. Oui, Israël a quitté la bande de Gaza, mais il en a gardé toutes les clefs".
Cet homme de 43 ans l'avoue, la paix lui semble de plus en plus improbable: "J'y croyais. Mais maintenant, je suis prudent. Israël est-il prêt à partager les terres, les ressources, les frontières, à nous rendre notre histoire? J'en doute. Et je m'interroge: quel est aujourd'hui le Palestinien qui donnera la main à un Israélien sans avoir de frissons, qui parviendra à effacer de sa mémoire ces images de cadavres de civils déchiquetés par les obus, de mères cherchant leurs fils et leurs filles sous les décombres? Je crains malheureusement que l'espoir de paix n'ait été enterré en même temps que ces enfants"...
 

Gwendoline BEZIAU



25/01/2009

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