Association France Palestine Solidarité - Isère / Grenoble

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"Le rescapé et l'exilé", par Elias Sanbar et Stéphane Hessel. Regards croisés sur la Palestine

« Le rescapé et l’exilé »
Dialogues entre Elias Sanbar et Stéphane Hessel.
Editions Don Quichotte, mars 2012.  248 pages - 16 euros.

Hommes de culture férus de poésie, Stéphane Hessel et Elias Sanbar débordent dans ce livre le cadre strictement politique de la question palestinienne et du conflit israélo-arabe pour proposer une vision humaniste de l’avenir.

 

 article paru sur Rue89 :

Stéphane Hessel-Elias Sanbar, regards croisés sur la Palestine

L'un, Stéphane Hessel, après une brillante carrière diplomatique, a été honoré de la dignité d'ambassadeur de France, une distinction réservée à une poignée de serviteurs de la République. L'autre, Elias Sanbar, est devenu le premier ambassadeur de Palestine auprès d'une organisation internationale, depuis que l'UNESCO a, en octobre 2011, admis l'Etat de Palestine comme membre à part entière.

Ces deux ambassadeurs à l'engagement revendiqué publient cette semaine un livre de dialogue sur leurs parcours croisés, « Le rescapé et l'exilé » (éd. Don Quichotte).

Parcours croisés

Lorsqu'Elias Sanbar naît en 1947 à Haïfa, Stéphane Hessel a déjà 30 ans, avec derrière lui une expérience nourrie de la clandestinité antifasciste, de la déportation à Buchenwald et de la participation à la naissance des Nations Unies. Mais c'est au même âge de 23 ans que l'un et l'autre sont entrés en résistance, l'un pour rejoindre la France libre de De Gaulle, l'autre pour rallier l'OLP de Yasser Arafat.


Stéphane Hessel, décembre 2010 (Audrey Cerdan/Rue89)

Au fil de leur conversation, les deux ambassadeurs se gardent bien de tout amalgame. Sanbar rappelle, à propos des détournements d'avion et des prises d'otages (dont celle de Munich en 1972) qu'il fut un des cadres palestiniens « farouchement opposés à ce type d'actions qu'ils jugeaient contraires à leur éthique et politiquement stupides ».

Hessel souligne combien l'intifada non-violente de 1987 a plus servi la cause palestinienne que le soulèvement armé de 2000.

En revisitant à deux voix les différents épisodes de la « question de Palestine », Hessel et Sanbar exposent la vision diamétralement opposée qu'ils ont pu avoir d'un événement fondateur : la décision de la toute jeune ONU de partager la Palestine, encore sous mandat britannique, entre un Etat juif et un Etat arabe.

  • Aux yeux du rescapé de Buchenwald, ce n'était là que justice envers le peuple juif qui émergeait à peine de la catastrophe du génocide.
  • Pour l'exilé de Haïfa, au contraire, « ce partage consacrait une terrible injustice faite à un peuple de céder plus de la moitié de sa patrie séculaire, en contrepartie de crimes commis par d'autres peuples, en Europe ».

Partition originelle

L'Assemblée générale de l'ONU vota la partition de la Palestine en novembre 1947, ouvrant la voie à la proclamation d'Israël six mois plus tard. Et c'est cette séquence originelle à laquelle reviennent Sanbar et Hessel afin d'éclairer les guerres et les tragédies qui se sont depuis succédé sur cette terre.

Pour l'ambassadeur de France, Israël, créé par une décision de l'ONU, a l'impératif devoir de se conformer aux stipulations du droit international, avant tout dans les territoires occupés depuis 1967.


Elias Sanbar, mai 2010 (Audrey Cerdan/Rue89)

L'enjeu pour Sanbar est ce que Madeleine Rebérioux appelait « le droit au droit », la revendication palestinienne d'une application des normes universelles à toutes les parties au Proche-Orient.

Il est naturellement trop tard pour revenir aux lignes de partage, envisagées en 1947, mais les frontières de 1967, dans le cadre desquelles Israël a acquis sa reconnaissance internationale, doivent être la base de l'avènement d'un Etat palestinien.

« Un Etat palestinien a été reconnu par les Nations Unies »

On voit combien ces considérations éclairent le débat actuel sur l'admission de la Palestine à l'ONU. En novembre 1992, déjà, François Mitterrand avait profité de sa seconde visite d'Etat en Israël pour s'engager résolument en faveur d'un Etat palestinien. Il s'appuyait pour cela sur le plan de partition de 1947 :

« un Etat palestinien a été reconnu par les Nations Unies lorsqu'a été créé l'Etat d'Israël. On n'en parle jamais ! Il me semble que les Nations Unies ont reconnu à la fois la perspective d'un Etat pour Israël et celle d'un Etat pour les Palestiniens ».

Il ajoutait qu'à ses yeux, entre l'Etat juif et l'Etat arabe de Palestine, « le droit est le même ».

En janvier 2012, à Madrid, une conférence sur « Israël et le printemps arabe » s'est conclue par un appel à ce qu'Israël prenne l'initiative d'une reconnaissance de l'Etat de Palestine, afin de sortir par le haut de l'impasse actuelle.

Une telle « exigence de justice » anime Hessel et Sanbar, qui partagent également une profonde passion de la poésie. Le premier a publié un recueil (en français, en allemand et en anglais) de ses poèmes favoris, le second a traduit Mahmoud Darwich dans la langue de Rimbaud. Et c'est sur un superbe vers d'Apollinaire que les deux ambassadeurs concluent ce dialogue habité.



03/03/2012

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