Association France Palestine Solidarité - Isère / Grenoble

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"Jaffa" :le film d'une israélienne, à l'affiche du Méliès-Grenoble (et dans autres villes...)

Actuellement  à Grenoble   >>  Cinéma Le Méliès  <<  
(sortie nationale du film :  10 juin 2009)


>> télécharger le programme du Méliès, du 1er au 14 juillet  <<
>>   télécharger programme du Méliès, du 15 juillet  au 4 août  <<

"Jaffa", film d'une réalisatrice israélienne, sera à l'affiche du Méliès, jusqu'à mi-juillet
.

"Amerrika", film d'une réalisatrice palestinienne exilée,
est sorti en France le 17 juin, et passe à Grenoble , au CLUB
.  >> voir ici <<



Et maintenant, sur ce site AFPS-isère : 
vos réactions,  lancer ou suivre une petite discussion  au sujet de ce film,   en dessous de cet article,  dans les "commentaires".

Jaffa

Keren YEDAYA - Israël 2009 1h50mn VOSTF - avec Dana Igvy, Ronit Elkabetz, Moni Moshonov, Mahmud Shalaby, Hussein Yassin Mahajne... Scénario de Keren Yedaya et Illa Ben Porat. SÉLECTION OFFICIELLE, FESTIVAL DE CANNES 2009.




"Jaffa" : terre de toutes les hypocrisies et du malaise entre Arabes et Juifs


Jaffa, faubourg de Tel-Aviv, est la cité d'Israël où se côtoient le plus étroitement deux communautés : les Israéliens, installés depuis 1948, et les descendants des Arabes qui ont refusé, à l'époque, de quitter leur ville. Ces derniers seraient actuellement 20 000, que l'Etat appelle "Arabes israéliens", mais qui préfèrent se définir comme des Palestiniens vivant en Israël.

Diabolisée, sans cesse menacée par les positions extrémistes d'Avigdor Lieberman, qui veut transférer ses membres en Cisjordanie, cette communauté minoritaire subit le joug économique et culturel des Israéliens. 60 % de ces familles arabes vivent au-dessous du seuil de pauvreté.

Le malaise qui règne à Jaffa est le sujet du film de Keren Yedaya, une cinéaste engagée, déterminée à affronter des sujets explosifs en racontant des histoires populaires, ici un drame aux multiples implications.

Lire la suite >>  Le Monde <<

 

Bande-annonce et extraits de "Jaffa"


Entretien avec Keren Yedaya, réalisatrice de "Jaffa" ( dans Le Monde, 10 juin 2009)  :
"Faire un film radical mais toucher un vaste public"

 
Pourquoi avoir situé votre film là plutôt que dans les territoires occupés ?
Jaffa n'est pas Tel-Aviv, c'est comme Bagnolet par rapport à Paris. Entre Jaffa et Tel-Aviv, il y a un mur, comme entre les territoires, mais un mur invisible. La lutte des Palestiniens pour l'indépendance y est plus claire, plus symbolique, qu'à Gaza ou à Jénine. Car la vraie question, c'est celle des Palestiniens qui vivent en Israël. On les appelle les "Arabes israéliens" : ils sont de fait des citoyens israéliens, mais en étant toujours privés de certains droits, par exemple, celui d'étudier l'histoire de la Palestine à l'école. On les coupe de leur histoire, de leur identité.

La schizophrénie de la famille que vous dépeignez est-elle symbolique ?
Elle incarne notre tragédie. J'essaye toujours d'évacuer les symboles, de les dissoudre dans le réel. Ils ont du mal à communiquer entre eux et ne prêtent pas attention au point de vue de l'autre. Ils ne se voient pas, ne se parlent pas, ne s'écoutent pas. C'est une famille apparemment normale, mais très perturbée. Elle représente une certaine gauche israélienne. Et voyez-vous, parfois, quand je vois ça, je préfère la droite. Quand un Israélien, juif séfarade, de droite rencontre un Palestinien, il lui parle en arabe, il le respecte tout en lui faisant la guerre. A gauche, on joue la compassion, par hypocrisie...

Le père a l'air d'être un homme éclairé, tolérant...
...mais c'est un type amorphe, impuissant ! C'est lui le responsable de la mort de son fils. En plein milieu du tournage, le comédien qui l'interprète m'a dit tout à coup : "Merde ! Je pensais être le bon gars, le gentil, pas raciste, et je viens de comprendre que c'était l'inverse, que je ne faisais rien, ni pour mon fils ni pour ma fille. Que j'étais aussi coupable que les autres !"

Mère et fille sont victimes ?
La lutte des Palestiniens d'Israël ressemble à la lutte des femmes : l'ennemi n'est pas clair. A Gaza, c'est le soldat israélien qui représente le mal. A Jaffa, on ne sait pas trop contre qui on se bat. Mari, père ? L'ennemi est invisible.

Dans "Jaffa", le message politique est caché !
Je voulais faire un film politiquement radical, subversif, mais sans renoncer à toucher un vaste public. Pas un film pour les jeunes intellectuels de gauche qui sont d'accord avec moi. Le cinéma m'intéresse comme art populaire. Quand j'étais petite, la télévision israélienne diffusait des films égyptiens. Je me suis inspirée de ces mélos, en particulier ceux de Mohamed Karim, qui signait des oeuvres engagées, féministes, sous des formes accessibles. Il faut s'inspirer de pays comme l'Egypte, où des artistes trouvent des solutions pour parler politique sans faire de politique.

 
Propos recueillis par Jean-Luc Douin



Extrait du  site avignonnais    >> Utopia << :
(....)
C'est un petit garage familial, dans un quartier du vieux Jaffa, vivant, grouillant, où toutes les cultures se mélangent et où Arabes, Juifs, Chrétiens… cohabitent depuis des lustres. Le petit patron juif, un brave bougre qui adore sa femme (la sublime Ronit Elkabetz !) emploie une paire d'Arabes ultra-compétents, tandis que son fiston, qui se repose sur son statut d'enfant gâté, trimbale du soir au matin son incompétence paresseuse, pris parfois par des accès d'autorité intempestifs… Mali, la fille de la maison, est belle et jeune et depuis toujours elle file une douce amitié avec un voisin devenu l'employé de son papa : un bel Arabe aux yeux clairs, qui aurait tous les talents nécessaires pour devenir calife à la place de son employeur. Depuis toujours, Mali et Toufik se connaissent et en devenant adultes, leur complicité de toujours s'est naturellement transformée en grande histoire d'amour. Pas question d'en causer en famille : rares sont les pères qui rêvent de marier leur fille à leur employé, mais si en plus il est Arabe, dans ce coin là, ça n'arrange pas vraiment les choses.
On plonge dans la vie de la famille et Ronit Elkabetz vient à nouveau irradier l'écran de sa présence : on se souvient d'elle dans La Visite de la Fanfare, Mariage tardif… plein d'autres (Prendre femme ou Les 7 jours qu'elle a elle-même réalisés). Elle est ici une mère juive un peu trop indulgente pour son fiston et délicieusement lascive avec un mari qui ne se lasse pas de lui masser les pieds, manifestant un goût permanent pour les contacts physiques : on se touche les cheveux, on se prend par la taille… mais pas question pour Mali d'avouer à sa mère que son amour pour Toufik est bien avancé et qu'il devient urgent qu'ils officialisent la chose puisqu'ils ont décidé de ne pas évacuer le produit de leur relation.
C'est donc dans le plus grand secret que nos amoureux préparent leur départ vers un endroit où leur union pourra être enregistrée. De toute évidence, leur cas n'est pas unique et le problème semble se poser de façon fréquente puisque Mali s'adresse à un organisme dont c'est la fonction de fournir autorisations et papiers aux couples mixtes confrontés aux mêmes difficultés. Les choses auraient pu être simples, mais des événements imprévus vont compliquer leurs projets, tirant vers la tragédie une histoire pleine de rebondissements, où l'amour aura toujours son mot a dire et finira par avoir le dernier.

La réalisatrice n'en est pas à son premier film, on avait déjà programmé d'elle Mon trésor. Jaffa est une illustration de plus du formidable épanouissement du cinéma israélien depuis 2001… « Notre cinéma devenait alors physique et féminin, moins cérébral. Du coup il se donnait les conditions d'exister » dit Ronit Elkabetz, qui ajoute plus loin : « Ce que le gouvernement n'arrive pas à faire, c'est à nous de le faire, les gens de la rue, nous, les artistes qui pouvons créer un vrai lien. On a besoin de parler, mais parler simple. Avec des mots qui viennent de l'amour, pas avec les mots de la peur… on ne peut plus séparer la vie politique et la vie personnelle… »


10/06/2009

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